Le prince avait disparu pendant ce tumulte. Où était-il ? Très-naïf avec nous, mais très-malin avec les gens de son pays, il s’était ménagé son effet. Il avait reçu ses hôtes en costume français, prenant plaisir à les agacer par cette affectation, et voulant les forcer à l’accepter pour un métis qui valait tous leurs pur-sang. Dans l’entr’acte que lui ménageait le long et bruyant triomphe d’Impéria, il avait été lestement revêtir son plus magnifique costume d’apparat et il avait replacé sa belle moustache de cérémonie, qui était en tout temps postiche, la sienne étant pauvre naturellement. Il fit ainsi son entrée sur la scène et présenta à la prétendue Rachel un énorme bouquet d’anémones de montagne et de fleurs de myrte dont la tige était passée dans un bracelet de diamants.
Il accompagna cette offrande d’un speech en langue du pays, qu’il débita en se tournant vers le public, et qui exprimait l’ardent patriotisme et l’implacable vendetta nationale que le génie de l’artiste avait fait vibrer et tressaillir dans des âmes héroïques. Puis, voyant que le public hésitait à accepter les faciles transformations de sa personne, le prince ajouta quelques mots en touchant son dol-