Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/15

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nous parut plus bavard et plus obséquieux qu’honnête et intelligent ; mais nous n’avions pas le choix, il avait fait marché avec Zamorini par l’intermédiaire d’un autre patron de Corfou qui devait nous transporter plus loin.

Nous donnâmes une représentation à Ancône, et, comme nous sortions du théâtre, le patron de l’Alcyon — c’était le nom poétique de notre affreuse barque — vint nous dire qu’il fallait mettre à la voile au point du jour. Nous avions compté ne partir que le surlendemain, rien n’était prêt ; mais il nous objecta que la saison était capricieuse, qu’il fallait profiter du bon vent qui soufflait et ne pas attendre des vents contraires qui pourraient retarder indéfiniment le départ. Nous étions aux derniers jours de février.

On avertit les femmes de fermer leurs malles et de dormir vite quelques heures ; les hommes de la troupe se chargèrent de porter tout le bagage sur l’Alcyon. Nous y passâmes la nuit, car ce bagage était assez considérable. Outre nos costumes et nos effets, nous avions quelques pièces de décor indispensables dans les localités où l’on ne trouve au théâtre que les quatre murs, une certaine quantité