Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/174

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homme de cœur, et rien n’est meilleur pour la santé qu’un bon mouvement ! — Voyons, mes cabotins bien-aimés, est-ce que, depuis ce moment-là, nous ne sommes pas plus heureux que nous ne l’étions en quittant cette forteresse de malheur ? Nous emportions une fortune qui vraiment nous était trop amère ! Nous avions besoin de détester les sauvages qui nous l’avaient donnée au prix d’une de nos têtes les plus chères. Chacune des jouissances que cet argent nous eût procurées nous eût serré le cœur comme un remords, et nous n’aurions jamais pu nous égayer sans voir au milieu de nous la face pâle de Marco. À présent, cette figure nous sourira ; car, si le brave enfant pouvait revenir, il nous dirait : « Ne pleurez plus, ce que vous n’avez pu faire pour me sauver, vous l’avez fait pour un autre, et, cette fois, vous avez réussi. » Allons, Moranbois, ne sois plus triste. Est-ce parce que, pour la première fois de ta vie, tu as été tombé, mon hercule ? Avais-tu la prétention de battre à toi seul trente hommes ? Est-ce comme caissier que tu soupires ? Qu’est-ce qu’il y a de si dérangé dans nos finances ? Quand nous sommes partis d’ici, il y a cinq semaines, nous n’avions pas grand’chose ;