Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/220

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adresser d’autres questions sur le compte du baron Laurence ; mais c’était bien l’oncle de mon ami le comédien. Il n’y avait qu’un Laurence à la Chambre, et j’admirais la destinée qui me conduisait vers ce potentat de la famille. J’étais dès lors résolu à le voir, à lui rendre compte de la situation de son neveu, à lui dire tout le bien que je pensais de ce jeune homme, à lui tenir tête, s’il le méconnaissait.

La neige, qui allait son train, ne me permit pas de contempler le manoir. Il me sembla traverser des cours étroites entourées de constructions élevées. Je montai un grand perron, et je me vis en face d’un valet de chambre de bonne mine qui me reçut très-poliment en me disant qu’on me préparait un appartement, et qu’en attendant je trouverais bon feu dans la salle à manger.

Tout en parlant, il me débarrassait de mon paletot couvert de neige et passait un morceau de serge sur mes bottines. Une grande porte s’ouvrait en face de moi, et je voyais un autre domestique en train de poser des victuailles appétissantes sur une table richement servie. Une immense pendule de Boulle sonnait minuit.

— Je présume, dis-je au valet de chambre, que