Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/265

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En jetant ce nom, d’une voix déchirée qui fît vibrer sur les consoles les Amours en porcelaine de Saxe et les cristaux de Bohême, il frappa du pied comme un nécromant qui évoque un spectre rebelle ; tout vibra de nouveau et tout rentra dans le silence. Il donna un coup de poing qui fit voler en éclats toute une étagère chargée de précieux bibelots, puis se mit à rire en disant avec un sang-froid amer :

— Ne faites pas attention ; j’ai souvent besoin de casser quelque chose !

— Laurence, mon cher Laurence, lui dis-je, vous êtes plus malade que je ne pensais ! Ceci n’est pas une affectation, je le vois. Vous souffrez beaucoup, et vous vous soignez à contre-sens. Il faut quitter cette solitude, il faut voyager, mais avec une compagne. Il faut épouser madame de Valdère et partir avec elle.

— S’il ne s’agissait que de moi, reprit-il, je n’hésiterais pas, car elle me plaît, et je suis sûr qu’elle est tendre et dévouée ; mais, si je ne la rends pas heureuse, si mes tristesses et mes bizarreries l’affligent et la découragent ! En ce moment, elle ne songe qu’à me guérir du passé ; je ne lui cache