Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/313

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Comme tu m’en as puni, toi qui d’un mot eusses pu me rendre digne de toi dix ans plus tôt ! Et me voilà vieux, me voilà peut-être indigne du bonheur que tu veux me donner !… Non, ne le crois pas, pourtant ! je ne veux pas que tu le croies. Je veux que ce qui est soit ! Ah ! ce rêve que je n’ai jamais osé dire, je l’ai fait mille fois, et tu ne t’en es pas doutée. Je t’ai aimée follement, Impéria, mal aimée, j’en conviens, puisque je ne songeais qu’à l’oublier ou à m’en défendre par tous les moyens. Je voulais te marier à Laurence, je voulais m’étourdir dans les plaisirs qui grisent et qui passent ! Tu en as souffert quand tu pouvais si facilement m’y soustraire ! Qu’est-ce donc que la fierté de la femme ? Une grande et belle chose, j’en conviens, mais un supplice dont nous ne connaissons que la rigueur et ne voyons pas l’utilité. Avoue que tu as trop douté de moi, avoue-le, si tu veux que je ne me méprise pas d’en avoir trop douté aussi !… — Et vous, madame, dit-il en s’adressant à la comtesse, vous avez fait comme elle ; c’est donc là le roman de la femme généreuse ! Eh bien, il n’est pas généreux du tout, puisqu’il ajourne le bonheur au profit de je ne sais quel idéal que vous cherchez