Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/50

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quent exigeant en fait d’alimentation, j’avais été plus éprouvé que les autres. Moranbois s’était remis en deux jours ; Anna était encore si faible, qu’il fallait la porter ; Lambesq était mieux que nous tous au physique, mais le moral était profondément troublé, et il continuait à se croire sur l’écueil et à se lamenter stupidement. Lucinde jurait que jamais plus elle ne quitterait le plancher des vaches, et, collée à son miroir, se tourmentait de la longueur de son nez, rendue plus apparente par l’affaissement de ses joues. Régine, au contraire, n’était point fâchée d’être maigrie et trouvait encore le mot pour rire, le mot cynique surtout ; elle avait fait des progrès sous ce rapport. Léon avait gardé tout son jugement, mais il souffrait du foie, et, sans se plaindre, paraissait plus misanthrope qu’auparavant. Marco était en revanche plus sensible et plus affectueux, ne parlant que des autres et s’oubliant lui-même. Purpurin était devenu presque muet d’hébétement, et Moranbois lui souhaitait de rester ainsi.

Quant à Impéria, qui m’intéressait plus que tous les autres, elle était mystérieuse dans l’accablement comme en tout : elle avait moins souffert