Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/54

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nouvelles. Y avait-il un théâtre à Raguse ? Nous avions sauvé nos toiles de fond, et Léon se disposait à les repeindre, tandis que, Marco et moi, nous occupions nos loisirs à les remaroufler[1]. Je ne m’inquiétais de rien, moi. J’avais encore ma petite fortune en papier dans ma ceinture, et je regardais cette valeur comme le salut du directeur et de la troupe quand la caisse serait tout à fait vide.

Mais le salut ne devait pas encore venir de moi. Un soir, comme nous prenions le café dans le verger, sous les citronniers en fleur, on nous annonça la visite du propriétaire de la villa, qui était aussi le propriétaire de la tartane que Moranbois avait louée pour aller à notre recherche. Rien n’était encore payé.

— Voici le quart d’heure de Rabelais, nous dit Bellamare en regardant Moranbois, qui jurait entre ses dents.

— Soyez tranquilles, leur dis-je, je suis encore en fonds ; recevons poliment le créancier.

Nous vîmes alors apparaître un jeune homme de haute taille, serré à la ceinture comme une guêpe,

  1. Maroufler le décor, c’est l’encoller en dessous et le garnir de papier pour empêcher la transparence des toiles.