Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/167

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— Eh bien, je dis oui, et je jure de respecter la Vanina jusqu’à ce qu’elle soit ma femme.

Il tint parole, et, tout en montrant à cette jeune fille un attachement très-vif, il ne mit plus sur son front aucune rougeur. De craintive et souvent troublée qu’elle était, la Vanina devint, sinon calme, du moins souriante et comme ravie dans la pensée d’un légitime triomphe. Il me parut évident que Tonino lui avait promis de l’épouser, qu’elle était sûre de lui et fière de l’amour qu’elle lui inspirait.

C’était là de quoi effacer le pénible souvenir de ma jalousie, et il se fût effacé entièrement, si Félicie eût franchement accepté l’idée de marier ces enfants en même temps que nous nous marierions nous-mêmes ; mais elle persistait à ne pas croire Tonino sérieux et à lui parler avec une sorte d’aigreur railleuse. Je commençais à la trouver injuste. Tonino s’en plaignait, mais avec cette extrême douceur qui était le fond de son caractère, et qui rendait son commerce agréable et séduisant. Il ne connaissait ni l’emportement ni la rancune : il jetait sur toutes choses un rayon de gaieté, et il me montrait une affection dont j’étais véritablement touché. C’était à moi qu’il demandait raison des préventions de Félicie, et toujours avec une aménité caressante qui m’obligeait à le justifier et à les réconcilier sans cesse.

— J’ai bien besoin que vous m’aimiez, me disait-il alors ; car, vous le voyez, elle est froide et dédaigneuse. Son cœur m’est fermé depuis que vous y