rend pas aux raisons, elle aime qu’on la commande.
— Permettez-moi de croire que je la juge et la connais mieux.
— Je ne crois pas, moi ; mais cela vous regarde en général. Pour cette affaire-ci, qui m’intéresse et me concerne, ne m’exposez pas, je vous en prie, à être forcé de me parjurer envers vous ou de désobéir à ma cousine ; elle ne voit déjà pas d’un si bon œil mon amour pour la Vanina.
— Pourquoi supposez-vous cela ?
— Parce qu’elle est jalouse de moi.
Je crus avoir mal entendu ; mais Tonino, impassible, répéta ce qu’il venait de dire :
— Oui, oui, elle est jalouse de moi, monsieur Sylvestre ; cela vous étonne ?
— Oui, certes ! répondis-je en m’efforçant de cacher mon trouble.
— Moi, je suis étonné de votre étonnement, reprit Tonino sans se déconcerter. Vous voyez bien que vous ne la connaissez pas ! Ma cousine est née jalouse, et, si je suis devenu jaloux de son amitié, elle a tort de me le reprocher : c’est elle qui m’a donné l’exemple. Quand j’étais petit, elle ne pouvait souffrir qu’on me fît plus d’amitiés qu’elle ne m’en faisait, et quelquefois elle me disait : « Personne ne m’aime, tu dois donc m’aimer pour tout le monde, et, si tu me préférais quelqu’un, ce serait me tuer. » Elle a oublié cela, parce qu’elle ne m’a plus aimé à mesure que je grandissais ; mais l’habitude lui est restée de vou-