Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/21

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La forme du récit de M. Sylvestre paraîtra peut-être monotone et trop dénuée d’ornements ; elle eut au moins pour ses auditeurs le mérite de la bonne foi et de la simplicité, et j’avoue que par moments elle me parut très-saisissante et très-belle. Je pensai, en l’écoutant, à cette admirable définition de Renan, que la parole est « ce vêtement simple de la pensée, tirant toute son élégance de sa parfaite proportion avec l’idée à exprimer, » et qu’en fait d’art « le grand principe est que tout doit servir à l’ornement, mais que tout ce qui est mis exprès pour l’ornement est mauvais. »

Je pense que M. Sylvestre était rempli de cette vérité ; car il sut captiver notre attention et nous tenir attentifs et recueillis avec son histoire sans péripéties et sa parole sans effets. Je ne suis malheureusement pas le sténographe de cette parole. Je l’ai reconstruite comme j’ai pu, et, soigneux seulement de suivre les pensées amenées par les actes, je lui ai fait infailliblement perdre sa couleur particulière et son mérite réel.


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Il commença d’un ton assez dégagé, presque gai ; car, après les grandes crises de sa vie, son caractère est redevenu enjoué. Peut-être aussi ne comptait-il pas