Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/291

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meil. Je lui dis que non. Elle dormit plus tranquille.

Peu de jours après, elle fut rétablie ; mais ce n’était qu’une guérison relative. La fièvre persistait, peu déterminée, mais incessante. Morgani m’assura que c’était l’état normal d’un pouls exceptionnel. Plus attentif que lui, je constatai une aggravation, et, dès lors, je résolus de guérir le moral autant que possible.

L’expiation était suffisante, elle était même trop grave, si elle mettait la vie en danger. La répression était complète et absolue. Je ne comptais pas contraindre Félicie à payer toute sa vie les amers plaisirs d’un an d’adultère. Tonino avait très-bien compris mon attitude méprisante : il était trop craintif pour tenter rien de nouveau contre moi. Ma misérable femme était donc délivrée de lui. Le fait humiliant de donner de l’argent pour cela était pour elle une leçon assez cruelle et assez amère.

Mon devoir était désormais de tenter la réhabilitation de cette âme brisée. Il fallait la mettre à même de sentir, sans trop de blessure, l’aiguillon du repentir, et de lui ouvrir l’horizon d’un avenir plus digne d’elle. Mon ressentiment était apaisé, ma dignité satisfaite. J’étais tout entier à la compassion, j’appartenais à la loi de patience.

Et d’abord je me demandai si, la crise passée, il serait utile à cette conversion de montrer le rôle que j’y jouais. Je reconnus bien vite que c’eût été renouveler l’expiation. Félicie avait eu, en me croyant informé de sa faute, des douleurs d’épouvante telles,