Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/277

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RALPH. — Ma femme s’y emploiera de tout son cœur et y portera toute la fermeté, toute l’onction, toute la délicatesse dont vous êtes capable vous-même.

JACQUES. — Elle saura en mettre bien davantage ! Ah ! c’est par les femmes pures que les filles égarées devraient être sauvées et rendues à Dieu !

FLORENCE, accourant. — Ah ! monsieur Jacques, je vous attendais avec impatience ! J’ai tant de choses à vous demander et à vous dire !

JACQUES. — Venez par ici. J’aperçois madame de Noirac et son fiancé au bout de l’allée. Évitons-les, afin de n’être pas dérangés.

FLORENCE. — Allons chez vous.

JACQUES. — Non, vous ne le pouvez pas ; je vais vous dire pourquoi.

(Ils s’éloignent.)


DIANE, GÉRARD.

DIANE. — Vous êtes ruiné, et vous n’aviez pas songé à me le dire ? Est-ce là tout, marquis ? Votre désespoir n’a pas d’autre cause ?

GÉRARD. — La cause est grave. J’ai l’air de vous avoir trompée jusqu’à présent ! J’étais si loin de penser que vous ignoriez l’état de mes affaires !

DIANE. — Non, Gérard, je ne crois pas que vous ayez songé à me tromper, et je ne vous attribuerai jamais des vues intéressées.

GÉRARD. — Ah ! que vous êtes bonne et que vous me faites de bien ! Mais cette situation à laquelle je n’avais jamais songé auprès de vous m’a tout à coup frappé ! Si le soupçon a pu entrer dans l’âme des autres…

DIANE. — Ce n’est pas une raison pour qu’il entre dans la mienne. Tenez, hier, ce matin encore, je voulais rompre avec vous ; mais ce que vous me dites-là m’en ôte la pensée, et si je ne vous dis pas espérez, je vous répète ce que je vous ai dit jusqu’à présent, attendez.

GÉRARD, — Ah ! c’est plus de bonheur que je n’en mérite !