Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/28

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père ! Je suis content de l’avoir vu, mais je n’en souhaite pas davantage.

GERMAIN. — Eh ! courage donc ! allons-nous-en de notre pas naturel. Quand on court, ça court après vous. Si on passe son chemin sans rien dire, ça ne vous dit rien.

PIERRE. — C’est égal, je voudrais être chez nous !

(Ils font un détour et s’en vont.)


DEUX CURÉS, à cheval.

LE CURÉ DE NOIRAC. — Vous direz ce que vous voudrez, mais vous m’avez triché. Je vous ai vu glisser le double-cinq dans votre manche au moment de compter, et sans ce tour-là, vous perdiez bredouille. Vous aimez à tricher, convenez-en !

LE CURÉ DE SAINT-ABDON. — Quand on ne joue pas d’argent !… Oh ! le diable soit des branches ! Je me suis cogné la tête à me la fendre… Attendez, attendez que je ramasse mon chapeau.

(Il met pied à terre.)

LE CURÉ DE NOIRAC. — Eh ! eh ! je me suis cogné aussi en venant à votre aide. Qu’est-ce qu’il y a donc là au bout de cette blanche ?

LE CURÉ DE SAINT-ABDON. — Voyons, donnez… Je n’y comprends rien. C’est une farce pour faire estropier les passants ; mais je veux voir ce que c’est. Venez au clair de lune. Tiens ! c’est une poupée !

LE CURÉ DE NOIRAC. — Oh ! que c’est laid ! c’est affreux, cette figure-là !

LE CURÉ DE SAINT-ABDON. — Non ! c’est drôle ! C’est un diable pour amuser les petits enfants. Quelque gamin se sera amusé à le pendre pour décoiffer les gens. L’enfance ne se plaît qu’au mal !

LE CURÉ DE NOIRAC. — Jetez cela dans le fossé ! c’est vilain à voir !

LE CURÉ DE SAINT-ABDON. — Ça vous fait peur, à vous homme simple ? Vous croyez donc que l’ennemi du genre