Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/298

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ment à toute sauce, la selle à tous chevaux, la mort du diable. Ah ! tiens ! je n’y pensais plus. Il est dans le caveau de Saint-Satur, et il fait des miracles !

EUGÈNE. — Abominable profanation, messeigneurs !

DAMIEN. — Pas du tout. Le curé de Saint-Abdon nous l’a très-bien dit. Ce morceau de bois n’avait jamais fait de mal à personne. Dans toutes les églises d’Italie, on vénère comme images chrétiennes des statues de dieux du paganisme.

ÉMILE. — N’importe ! Il a tort, mon ami le gros curé !

MAURICE. — S’il y est forcé par le paganisme de ses chers paroissiens !

ÉMILE. — Bah ! on les guérit de cela, au lieu d’y céder ! Le curé de Noirac en est venu à bout.

MAURICE. — Aussi n’est-il pas en bonne odeur auprès des vieilles femmes de sa paroisse !

ÉMILE. — On les laisse crier !

DAMIEN. — Écrivez donc, vous ! la pièce ne sera pas finie. Il n’y aura que la pièce qui manquera à la représentation !

MAURICE. — Qu’est-ce que tu dis de ça, toi, le diable ?

DAMIEN. — C’est une métaphore.

MAURICE. — Mais comment arranges-tu que les paysans, qui y croient jusqu’à l’évoquer, rient comme des bossus quand ils nous le voient pendre ? Et le curé lui-même, ça ne le scandalise pas de voir tuer le diable ! Les gouvernements les plus catholiques n’ont jamais fait renverser par la police les baraques en pleine rue où Polichinelle, plus fort que l’ange rebelle, l’occit ni plus ni moins que le juge et le commissaire !

EUGÈNE. — Eh bien, comment expliques-tu les mystères et sotties du moyen-âge, où les saints disaient tant de gaudrioles et de coq-à-l’âne ?

DAMIEN. — Et les pièces d’Aristophane, où les dieux les plus vénérés du paganisme disaient et faisaient mille ordures !

MAURICE. — Donc, c’est qu’on s’est toujours moqué de la figure, du symbole, comme dirait le père Jacques, ce qui