Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DIANE. — Ah ! voilà, que nous commençons à faire de l’esprit, à marivauder ?

GÉRARD. — Peut-on manquer de chercher à avoir de l’esprit auprès de vous ? Vous en donneriez aux plus simples.

DIANE. — Ah ! c’est donc bien malgré moi, car l’esprit m’ennuie horriblement !

GÉRARD. — Sans doute, celui des autres est si peu de chose…

DIANE — Ah ! laissons cela. Comment va la Duchesse ?

GÉRARD. — Son pied va tellement mieux qu’on a pu la ferrer ce matin,

DIANE — Est-ce que vous avez essayé Davenant au tilbury ?

GÉRARD. — Je l’ai fait essayer par Tony. Il a failli le tuer ; mais il en sera quitte pour deux côtes enfoncées et une cicatrice à la figure.




SCÈNE IV


Dans le parc


Le long de la haie du jardin de Jacques


JENNY, JACQUES.

JENNY. — Pardon, monsieur Jacques, je ne pensais pas être si près de votre jardin, et je suis bien honteuse de vous avoir dérangé de votre lecture.

JACQUES, un livre à la main. — Vous ne m’avez pas dérangé, vous m’avez inquiété, mon enfant : je vous ai vue pleurer, à travers ce buisson, et, à votre attitude brisée, j’ai craint que vous ne fussiez malade.

JENNY. — Merci, monsieur Jacques, vous êtes bien bon. Oh ! je vous connais déjà, quoique je n’aie pas encore osé vous parler. Je sais que vous êtes le médecin des malades et des affligés.