Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/109

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ces habitations où le hasard m’a fait entrer, j’ai vu des images de dévotion encadrées à côté d’images obscènes. C’était, il est vrai, une auberge, un lieu où les femmes honnêtes du pays n’entrent jamais. J’écoutai des paysans qui buvaient. C’était un mélange analogue aux images de la muraille, des discours mêlés de serments empruntés aux choses sacrées et d’ordures les plus grossières. Nouvelle ressemblance avec le langage du paysan des environs de Rome. Il semble qu’un excès d’engouement pour les formules extérieures des cultes entraîne avec lui une soif de blasphème.

Je te parle là des paysans de la montagne ; ceux qui se rapprochent du centre du bassin et de ses villes sont plus civilisés. Au reste, chez les uns comme chez les autres, et comme chez les Romains, à côté des vices que je te signale, je pressens et je vois de grandes qualités. Ils sont probes et fiers. Rien de servile dans leur accueil, et un grand air de franchise dans leur hospitalité. Ils ont certes dans l’âme les âpretés et les beautés de leur terre et de leur ciel. Ceux d’entre eux qui sont croyants sans bigoterie, ne doivent pas être religieux et pieux à demi, et ceux qui ont un peu voyagé ou qui ont reçu une certaine notion d’instruction pratique s’expriment avec une netteté sincère, un peu hautaine, qui ne déplaît pas à un homme sans préjugés de race.

Les femmes ont toutes l’air hardi et cordial. Je les crois bonnes et violentes. Elles ne manquent pas tant