Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/148

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besoin qu’il avait d’un appui moral. — Deux malheureux ne peuvent rien l’un pour l’autre, lui dit-il ; ta mélancolie a en moi son contre-coup fatal ; elle m’accable. Le jour où je te verrai heureux, l’énergie véritable, la joie de vivre me reviendront.

Urbain, touché, renouvela sa promesse, et comme elle lui coûtait infiniment, il s’efforça de s’en distraire en ramenant la gaieté dans le babil de son frère ; ce ne fut pas long, et le duc ne se fit guère prier pour revenir à ses grandes préoccupations favorites.

— Tiens ! lui dit-il en le voyant sourire, tu me porteras bonheur dans tout ! Je me rappelle maintenant que depuis quelques jours j’avais une assez vive contrariété ; cela me rendait maussade, maladroit ; je ne voyais plus clair dans mon esprit. J’étais bête à faire peur. Je suis sûr que maintenant je vais recouvrer mes facultés.

— Encore quelque histoire de femme ? dit le marquis, maîtrisant une vague et soudaine inquiétude.

— Et que veux-tu que ce soit ? Cette petite de Saint-Geneix m’occupe peut-être plus qu’il ne faudrait !

— C’est ce qu’il ne faut pas, répliqua vivement le marquis. Ne l’as-tu pas juré à ma mère ?… Elle me l’a dit. Aurais-tu trompé ma mère ?

— Non, pas du tout : mais je voudrais bien être forcé de la tromper !…

— Forcé ! Je ne t’entends point.