Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/227

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quis en la conduisant à la voiture qu’il avait amenée pour elle ; voyons, c’est un peu nerveux, n’est-ce pas ? mais cela m’inquiète. Retournons sous la gare comme si nous cherchions quelqu’un. Je ne veux pas vous quitter dans les larmes. C’est la première fois que je vous vois pleurer, et cela me fait beaucoup de mal. Tenez, nous sommes à deux pas du Jardin des Plantes ; à huit heures du matin, il n’y a pas de risque que nous y rencontrions personne de connaissance. D’ailleurs, avec ce manteau et ce voile on ne peut pas savoir qui vous êtes. Il fait assez beau, voulez-vous venir voir la vallée suisse ? Nous tâcherons de nous croire encore à la campagne, et en vous quittant je serai sûr… du moins j’espère, que vous ne serez pas malade.

Il y avait tant d’amicale sollicitude dans l’accent du marquis que Caroline ne songea point à refuser son offre. Qui sait, pensait-elle, s’il ne désire point me dire là un adieu fraternel au moment d’entrer dans une nouvelle existence ? Au fait, cela nous est permis, cela nous est peut-être dû. Il ne m’a encore jamais parlé de son mariage ; il serait étrange qu’il ne m’en parlât pas, et que je ne fusse pas préparée et disposée à l’entendre.


XVI


Le marquis fit signe au fiacre de suivre, et il conduisit Caroline à pied en l’entretenant doucement de sa sœur et des enfants ; mais ni durant ce court trajet,