Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/273

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m’était interdit, par mille devoirs plus sérieux les uns que les autres, d’en disposer, je ne l’ai livré à personne !

La marquise regarda Caroline avec étonnement. — Comme elle sait mentir ! pensa-t-elle. — Puis elle se dit qu’en ce qui concernait le duc, cette pauvre fille n’était pas forcée de se confesser, que l’entraînement qu’elle avait eu pour lui devait être considéré comme non avenu, puisque, après tout, elle n’avait point créé d’embarras dans sa vie, ni réclamé aucun droit nuisible à son mariage.

Cette idée, qui ne s’était pas encore présentée, changea subitement les dispositions de la marquise, et comme elle vit que son silence navrait Caroline, dont les yeux se remplissaient de larmes brûlantes, elle revint à son amitié pour elle et même à un nouveau genre d’estime.

— Ma chère petite, lui dit-elle en lui tendant les mains, pardonnez-moi ! Je vous ai fait du mal, je me suis mal expliquée. Admettons même que j’aie eu un moment d’injustice. Au fond, je vous connais mieux que vous ne pensez, et j’apprécie votre conduite. Vous êtes désintéressée, prudente, généreuse et sage. S’il vous est arrivé… d’être plus émue de certaines poursuites que, pour votre bonheur, vous n’eussiez dû l’être, il n’en est pas moins certain que vous avez toujours été prête à vous sacrifier dans l’occasion, et que vous seriez encore prête à le faire, n’est-il pas vrai !