Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/299

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— Courage, ma fille, Dieu vous aidera ! dit Peyraque en se levant.

— Et nous t’aiderons aussi, dit Justine en l’embrassant. Nous te cacherons, nous t’aimerons, et nous prierons pour toi !

Elle la reconduisit dans sa chambre, la déshabilla et la fit coucher, avec des soins maternels pour qu’elle eût bien chaud et ne vît pas le soleil briller trop sur son lit. Puis elle descendit pour apprendre à ses voisines l’arrivée d’une nommée Charlette de Brioude, répondre à toutes leurs questions, et les avertir un peu de sa blancheur et de sa beauté afin qu’elles n’en fussent pas trop frappées. Elle eut soin de leur dire aussi que le parler de Brioude ne ressemblait pas du tout à celui de la montagne, et que la Charlette ne pourrait pas causer avec elles. — Ah ! la pauvre ! répondirent les commères, elle va bien s’ennuyer chez nous !

Huit jours plus tard, après avoir, en temps et lieu, signalé son arrivée à sa sœur, Caroline lui donnait plus de détails sur son nouveau genre de vie. Il ne faut pas oublier que, lui cachant son véritable chagrin, elle s’efforçait de la rassurer sur son compte et de s’étourdir elle-même en affectant une liberté d’esprit qui était loin d’être aussi entière et aussi réelle :

«… Tu ne peux te faire une idée des soins qu’ils ont pour moi, ces Peyraque ! Justine est toujours la maîtresse femme au cœur d’ange que tu connais et que notre père ne pouvait se résoudre à voir s’éloigner de nous. Aussi ce n’est pas peu dire que d’affirmer que