Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien que je pense à nos enfants, et je m’en préoccupe par avance. Sois tranquille après tout. Je trouverai ; je saurai triompher de la mauvaise destinée. Tu sais bien que je ne m’endors pas, et que je ne peux pas faiblir. Tu as de quoi aller pendant deux mois, et je n’ai absolument besoin de rien ici. Ne te tourmente pas, comptons toujours sur le bon Dieu, comme tu dois compter, toi, sur la sœur qui t’aime. »


XXII


Caroline avait raison de redouter les investigations de M. de Villemer auprès de sa sœur. Il était déjà retourné deux fois à Étampes, et, comprenant bien que la délicatesse lui interdisait tout ce qui aurait pu ressembler à un système d’interrogations, il se bornait à observer l’attitude et à commenter les réticences de Camille. Il pouvait dès lors se tenir pour assuré que madame Heudebert connaissait la retraite de sa sœur, et que sa disparition ne lui causait point d’inquiétude réelle. Camille tenait en réserve la lettre où Caroline disait avoir trouvé un emploi hors de France, et elle ne la produisait pas. Elle voyait tant d’angoisse et de souffrance dans les traits déjà profondément altérés du marquis qu’elle n’osait porter ce dernier coup au bienfaiteur, au protecteur de ses enfants. Puis madame