Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/325

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heures, il m’a approuvée, disant que la maladie n’était pas encore bien déterminée, et qu’il fallait installer les enfants dans un autre bâtiment, ce que je me suis chargée de faire avec l’aide de Peyraque, car le mari perdait beaucoup la tête, ne songeait qu’à faire brûler des cierges dans l’église du village, et à marmotter des prières en latin qu’il ne comprenait pas, mais qui lui semblaient plus efficaces que les prescriptions du médecin.

« Quand il a été un peu calmé, il était déjà quatre heures, et il nous fallait repartir, Peyraque et moi, pour ne pas nous trouver la nuit dans le ravin de la Gâgne. Il n’y a pas de lune pour le moment, et l’orage menaçait de plus belle. Alors le pauvre Roquebert s’est pris à se lamenter, disant qu’il était perdu, si quelqu’un ne prenait soin des enfants, et surtout de l’enfant, désignant par là Didier, la poule aux œufs d’or du ménage. Il fallait à celui-là des soins particuliers ; il n’était pas fort comme ceux du pays, et puis il était curieux, il voulait passer partout, et ces ruines sont un labyrinthe de précipices où il ne faut pas perdre de vue un seul instant un petit monsieur de cette humeur aventureuse. Il n’osait le confier à personne. L’argent que ce petit apportait dans son ménage lui avait fait des jaloux, il avait des ennemis ; que sais-je ? Bref, Peyraque me dit tout bas : — Tenez ! votre bon cœur et ma bonne idée sont ici d’accord. Restez ; je vois qu’il y a de quoi vous bien loger. Je reviendrai demain voir où la chose