Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/339

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Il se trouverait un peu plus malade dans la nuit que vous viendrez malgré vous le soigner…

— C’est vrai ! Que faire ?

— Voulez-vous que je vous dise ? Vous avez du courage et de la santé ; je vais vous conduire à Laussonne, où vous passerez la nuit chez ma belle-sœur : c’est aussi propre qu’ici, et j’irai vous chercher demain quand il sera parti.

— Oui, tu as raison, dit Caroline en faisant son paquet à la hâte. Fais-le consentir à rester, et en passant tu diras à ton fils d’atteler Mignon.

— Non pas Mignon ! il a marché toute la journée. Nous prendrons la mule.

Peyraque, ayant donné ses ordres, retourna dire au marquis que le temps était à la pluie pour toute la soirée, ce qui était vrai, et, s’entendant de l’œil avec Justine, il insista si cordialement pour le garder, que M. de Villemer accepta. — Vous avez raison, mes amis, leur dit-il avec un sourire navrant ; je suis un peu malade, et je suis de ceux qui n’ont pas le droit de vouloir mourir.

— Personne n’a ce droit-là, répondit Peyraque ; mais vous ne serez pas malade à mourir chez nous, je vous en réponds ! Ma femme vous soignera bien. La chambre de là-haut est bien propre et bien chaude, et si vous vous sentiez mal, vous n’auriez qu’à frapper un petit coup : on l’entendrait.

Justine monta préparer la chambre et embrasser sa pauvre Caroline, qui était vraiment éperdue. — Eh