Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/34

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alors la peine d’être charmant, d’abord par politesse, et peu à peu par coquetterie, quoiqu’il ne s’en doute pas lui-même. Enfin c’est un homme qui a besoin d’être arraché à ses réflexions, et il est si parfait pour moi que je n’ai ni le droit ni la volonté d’entamer ouvertement cette lutte, tandis que la présence d’une personne qui, même sans rien dire, est censée l’écouter, le force à s’épancher un peu, vu que, s’il craint de paraître pédant en parlant trop, il craint encore plus de paraître affecté quand il s’oublie à réfléchir. Ainsi, ma chère, vous nous rendez grand service à tous les deux, en ne nous laissant pas trop seuls.

— Pourtant, madame, lui ai-je répondu, si vous aviez à parler de choses intimes, comment pourrais-je le deviner ?

Là-dessus elle m’a promis, quand cela arriverait, de m’avertir en me demandant si la pendule ne retarde pas.


III


SUITE DE LA LETTRE À MADAME HEUDEBERT.


Je reprends ma lettre qu’hier soir le sommeil m’a forcée d’interrompre, et comme il n’est que neuf heures et que je ne vois pas la marquise avant midi, j’ai tout le temps de compléter les détails qui doivent te mettre au courant de ma situation.