Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/376

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La lettre partie, elle leur dit : — Pourquoi n’iriez-vous pas tous les deux chercher le marquis ? Est-il donc bien loin ?

— Douze heures en poste tout au plus, répondit le duc.

— Et je ne peux pas savoir où il est ?

— Je ne dois pas le dire ; mais à présent je suis persuadé qu’il n’aura plus de secrets pour vous. Le bonheur rend expansif.

— Mon fils, reprit la marquise, vous m’effrayez beaucoup. Votre frère est peut-être ici malade, et vous me le cachez, comme vous me l’avez caché à Séval. Il est plus malade encore ; puisqu’on me fait croire à son absence, c’est qu’il ne peut pas se lever !

— Non, non ! s’écria Diane en riant ; il n’est pas ici, il n’est pas malade. Il est absent, il voyage, il est triste peut-être ; mais il va être heureux, et il n’est pas parti sans espoir de vous fléchir.

Le duc jura que sa femme disait la vérité. — Eh bien ! mes enfants, reprit la marquise inquiète, je voudrais vous savoir près de lui. Que voulez-vous que je vous dise ? Il n’a jamais été malade sans que je ne l’aie, sinon deviné, du moins senti à une agitation particulière. J’ai éprouvé cela à Séval précisément à l’époque où il a été si mal à mon insu. Je vois que ce que vous m’avez raconté coïncide avec une nuit affreuse que j’avais passée ! Eh bien ! aujourd’hui, ce matin, j’étais là toute seule, je rêvais tout éveillée. J’ai vu le marquis pâle, enveloppé dans quelque chose