Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/51

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vous connaissent pour la meilleure âme du monde, et qui prient pour vous soir et matin, en demandant au bon Dieu que vous veniez les voir.

« Justine Lanion, femme Peyraque,
« (À Lantriac, par Le Puy, Haute-Loire.) »


Caroline répondit aussitôt :

« Ma bonne Justine, ma chère amie, j’ai pleuré en lisant ta lettre. Ce sont des larmes de joie et de reconnaissance. Je suis heureuse d’avoir toujours ton amitié aussi tendre que le jour où nous nous sommes quittées, il y a déjà quatorze ans ! Ce jour-là est resté dans ma mémoire comme un des plus douloureux de ma vie. Je ne connaissais déjà plus d’autre mère que toi, et te perdre, c’était rester sans mère pour la seconde fois. Bonne nourrice ! tu m’aimais tant que tu avais presque oublié pour moi ton brave mari et tes chers enfants ! Mais ils te rappelaient, tu te devais à eux, et j’ai vu dans toutes tes lettres qu’ils te donnaient du bonheur. C’est eux qui te payaient ma dette, car tu m’en avais donné beaucoup, et j’ai bien souvent pensé que, si j’ai quelque chose de bon et de raisonnable en moi, c’est parce que j’ai été aimée, traitée avec raison et douceur par la première personne que mes yeux ont appris à connaître. Tu veux à présent m’offrir tes économies, chère bonne âme ! Cela est bon et maternel comme toi, et de la part de ton mari, qui ne me connaît pas, c’est beau et grand. Je vous remercie tendrement, mes braves amis, mais je n’ai besoin