Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/88

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— C’est cela, à la première difficulté tu y renonces. Eh bien ! moi, je m’acharne. J’ai chassé de mon cœur tout ce qui n’était pas toi, et nul autre que toi n’entendra parler de mes nouvelles passions.

— Pour ce qui est de celle-ci, au moins, m’en donnes-tu ta parole ?

— Ah ! tu crains beaucoup que je ne la compromette ?

— Cela me ferait une peine sérieuse.

— Ah bah ! Voyons ! Pourquoi ?

— Parce qu’elle est fière, susceptible peut-être, et qu’elle quitterait ma mère, qui raffole d’elle, ne l’as-tu pas remarqué ?

— Oui, et c’est cela qui m’a monté la tête. Il faut que ce soit réellement une fille d’un grand esprit et de beaucoup de cœur ! Ma mère a un tact si parfait. Ce soir, en me grondant un peu de ce qu’elle prend pour des taquineries, elle m’a tenu la dragée haute, elle m’a dit : « Vous n’avez pas été convenable avec Caroline. C’est une personne à laquelle il ne vous est pas permis de penser. » Diable ! on peut toujours rêver, ça ne fait de mal à personne ! Mais regarde donc comme elle est jolie ! Comme elle est vivante au milieu de toutes ces femmes plâtrées ! On peut regarder les contours de sa figure à jour frisant : on n’y voit pas cette ligne mate qui empâte le duvet et qui fait ressembler les autres à un surmoulage. Vrai, elle est trop belle pour être une demoiselle de compagnie. Ma mère ne pourra jamais la garder. Elle