Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/93

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ne songeais pas à vous faire la cour, et je l’ai donnée sans hésiter. Serez-vous tranquille à présent ?

— D’autant plus que je n’avais jamais songé à être inquiète.

— À la bonne heure ! Puisque ma mère me force à cette grossièreté de dire à une femme ce qu’on ne lui dit jamais, même quand on le pense, soyons amis comme deux bons garçons que nous sommes, et soyons francs pour commencer. Promettez-moi de ne plus dire de mal de moi à mon frère.

De ne plus ?… Quand donc lui ai-je dit du mal de vous ?

— Vous ne vous êtes pas plainte de mon impertinence,… là, ce soir ?

— J’ai dit que je redoutais vos railleries, et que si elles continuaient, je m’en irais, voilà tout.

— Bien, pensa le duc, ils sont déjà mieux ensemble que je ne l’espérais… Si vous songiez à quitter ma mère à cause de moi, reprit-il, ce serait me condamner à m’éloigner d’elle.

— Cela ne peut pas tomber sous le sens ! Un fils céder la place à une étrangère !

— C’est pourtant ce à quoi je suis résolu, si je vous déplais et si je vous effraye ; mais restez, et ordonnez-moi ce que vous voudrez. Dois-je ne pas vous apercevoir, ne jamais vous adresser la parole, ne pas même vous saluer ?

— Je n’exige aucune affectation dans un sens ni dans l’autre. Vous avez trop d’esprit et d’usage pour