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DE M. ANTOINE.

les graines pour renouveler le jardin du presbytère. Rendu un instant à la vivacité de la jeunesse, il trottait de tous côtés pour chercher les petites curiosités qu’il avait rapportées de son voyage en Suisse, et les lui offrait avec une joie ingénue ; et, comme elle refusait, en rougissant, de rien accepter, il prit le petit panier dans lequel elle avait apporté des sirops et des confitures à ses malades, et le remplit de jolis ouvrages en bois découpés à Fribourg, d’échantillons de cristal de roche, d’agates et de cornalines taillées en cachets et en bagues ; enfin de toutes les fleurs qui remplissaient les vases, et dont il fit un énorme bouquet le moins maladroitement qu’il put.

La grâce touchante avec laquelle Gilberte, confuse, remerciait le vieillard, ses questions naïves sur le voyage en Suisse dont M. de Boisguilbault avait gardé un souvenir enthousiaste (exprimé en termes un peu classiques), l’intérêt qu’elle mettait à l’écouter, ses réflexions intelligentes lorsqu’elle parvenait à se mettre à l’aise, le son enchanteur de sa voix, la distinction de ses manières simples et naturelles, son absence de coquetterie, et un mélange de terreur et d’entraînement répandu dans sa contenance et dans ses traits, qui donnait à sa beauté un caractère plus saisissant encore que d’habitude, son teint animé, ses yeux humides de fatigue et d’émotions, son sein oppressé par d’étranges angoisses, un sourire angélique qui semblait demander grâce ou protection ; tout cela pénétra si fortement le marquis et le domina si rapidement, qu’il se sentit tout à coup épris jusqu’au fond de l’âme ; épris saintement, non d’un ignoble désir de vieillard pour la jeunesse et la beauté, mais d’un amour de père pour une chaste et adorable enfant ! et lorsque le charpentier vint les rejoindre, tout ébloui et charmé lui-même de se trouver dans une chambre si claire et si chaude, il crut rêver en entendant M. de Boisguilbault dire à Gilberte : « Approchez