Page:Sand - Le Secrétaire intime — Mattéa — La Vallée noire, 1884.djvu/261

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En parlant ainsi, il le regarda fixement sans que son visage trahît la moindre ironie  ; et ser Zacomo, qui, à l’égard de ses affaires, possédait une assez bonne dose de ruse, affronta ce regard sans que son visage trahit la moindre perfidie.

« Allons donc décider Amet, reprit Timothée, car, entre gens de bonne foi comme nous le sommes, on doit s’entendre à demi-mot. M. Spada vient de m’offrir pour vous, dit-il en turc à son maître, le remboursement de votre créance de cette année  ; le jour où vous aurez besoin d’argent, il le tiendra à votre disposition.

— C’est bien, répondit Abul, dis à cet honnête homme que je n’en ai pas besoin pour le moment, et que mon argent est plus en sûreté dans ses mains que sur mes navires. La foi d’un homme vertueux est un roc en terre ferme, les flots de la mer sont comme la parole d’un larron.

— Mon maître m’accorde la permission de conclure cette affaire avec vous de la manière la plus loyale et la plus avantageuse aux deux parties, dit Timothée à M. Spada  ; nous en parlerons donc dans le plus grand détail demain, et si vous voulez que nous allions ensemble examiner la marchandise dans le port, j’irai vous prendre de bonne heure.

— Dieu soit loué ! s’écria M. Spada, et que dans sa justice il daigne convertir à la vraie foi l’âme de ce noble musulman ! »

Après cette exclamation ils se séparèrent, et M. Spada reconduisit sa fille jusque dans sa chambre, où il l’embrassa avec tendresse, lui demandant pardon dans son cœur de s’être servi de sa passion comme d’un enjeu  ; puis il se mit en devoir d’examiner ses comptes de la journée. Mais il ne fut pas longtemps tranquille, car madame Loredana vint le trouver avec un coffre à la