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une nouvelle issue à cette pièce et un usage à cette porte, on voulut qu’elle pût communiquer avec la chapelle ; mais il n’y manquait qu’une chose, c’était un escalier. Dans le principe, la porte donnait sur une tribune dans laquelle le châtelain et sa famille venaient écouter les offices, et la tourelle servait d’oratoire. Sous la régence, la tribune servit à appuyer la toile de fond du théâtre, et la tourelle fut tantôt le foyer des comédiens amateurs, tantôt le cabinet de toilette de quelque prima donna de haute volée. On avait pratiqué, pour la communication avec les coulisses, un de ces escaliers à roulettes, qu’on appelle échelles à marches en termes de menuiserie, et dont on se sert dans les bibliothèques ou dans les ateliers de peinture, pour atteindre aux rayons supérieurs ou aux parties élevées des grandes toiles. C’était un ouvrage grossier, provisoire, et pouvant se déplacer suivant l’exigence du décor. La famille de Villepreux, ayant su apprécier la beauté des boiseries méprisées et mutilées par la génération précédente, avait résolu d’utiliser cette vaste pièce abandonnée depuis la révolution aux rats et aux chouettes.

On avait donc décrété ce qui suit :

L’ex-chapelle du moyen âge, ex-bibliothèque sous Louis XIV, ex-salle de spectacle sous la régence, ex-écurie durant l’émigration, servirait désormais d’atelier de peinture, ou pour mieux dire de musée. On y rassemblerait tous les vieux vases et meubles rares, tous les portraits de famille et anciens tableaux, tous les livres de prix, toutes les gravures, en un mot toutes les curiosités éparses dans le château. Il y avait place pour tout cela et pour toutes les tables, modèles et chevalets qu’on voudrait y ajouter.

La partie qui avait été tour à tour le chœur de la chapelle et l’emplacement du théâtre, reprendrait, comme monument, sa forme demi-circulaire et son apparence de