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PROCOPE LE GRAND.

titre qu’on donnait à un simple prêtre), qu’une personne d’un aussi grand esprit et d’une aussi grande autorité ignore que le Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, pendant sa vie sur la terre, non-seulement a donné aux hommes divers préceptes très-salutaires, mais qu’il les a pratiqués lui-même ; entre lesquels ces quatre sont les principaux : 1o que le vénérable sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ doit être administré sous les deux espèces ; 2o que la parole de Dieu doit ce prêcher librement et selon la vérité ; 3o qu’il faut punir les péchés publics, commis sous prétexte de religion ; 4o qu’il faut ôter l’administration de la république aux ecclésiastiques[1]. Ces quatre articles se prouvent clairement par les Évangiles, par les Apôtres, et par tous les saints Pères… Ils ont été reçus dans l’Église chrétienne, et gardés fidèlement pendant quelques siècles, comme cela paraît par les commentateurs et docteurs vraiment catholiques. Mais ils ont été violés et supprimés par nous ne savons quels petits prêtres, qui, dégénérant de la piété de leurs prédécesseurs, se sont éloignés de la règle de l’ancienne Église, s’ingérant dans les affaires du siècle, engagés dans les embarras et les épines des richesses mondaines, et, ce qui est plus déplorable et plus cuisant encore, croupissant dans la mollesse et dans l’oisiveté, au grand et irréparable dommage des âmes fidèles.

« C’est pour cela que, tout indignes que nous sommes, mais appuyés des secours de Dieu, nous avons toujours travaillé, depuis plusieurs années, à les re-

  1. Les quatre articles sont énoncés ici plus clairement qu’ailleurs et résument fort bien les libertés que réclamait la Bohême ; liberté du culte, liberté de conscience, liberté politique, liberté civile.