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PROCOPE LE GRAND.

pitamment, et marchèrent sur Prague, dont ils ravagèrent les environs ; puis ils coururent à Cuttenberg, d’où Procope écrivit à ses confédérés, aux villes de son parti, à tous les corps épars d’Orphelins et d’Orébites, de venir à lui, pour mourir avec lui ou recouvrer Prague sur le parti des traîtres. Les seigneurs de leur côté, écrivirent aux villes de leur parti que le moment était venu d’écraser le parti des exaltés et des furieux ; et les deux armées se trouvèrent en présence à quatre milles de Prague. Procope n’avait pas résolu de compromettre toutes ses forces dans un combat si soudain. Il eût voulu aller droit à Prague, certain qu’il n’aurait qu’à se montrer pour s’en faire ouvrir les portes. Les seigneurs le savaient bien, et étaient résolus de ne point l’y laisser arriver. Ils fondirent sur ses retranchements à l’improviste, et les enfoncèrent. C’était la première fois que les Taborites voyaient la cavalerie se faire passage au travers de leurs redoutables chariots. Ils reculèrent émus et comme frappée de la révélation de leur destinée. Procope, à la tête de sa phalange d’élite, se jeta au milieu des ennemis et leur disputa la victoire, moins vaincu que las de vaincre, dit Ænéas Sylvius. Mais enveloppé par la cavalerie, il tomba frappé mortellement, sans qu’on ait su d’où partait le coup. On en accusa un chef de sa propre armée, gagné par l’argent ou les promesses de l’autre parti ; ce traître lui-même s’en vanta à tort ou à raison par la suite. La corruption triomphait donc jusque sur les champs de bataille. Czapeck, chef taborite qui s’était distingué en Prusse, fit aussi défection. Ô patriciens, chefs d’armée ou hommes d’État, c’est par vous que se font, dans l’histoire, ces hideuses transactions par lesquelles votre cause périt, en même temps que votre fortune s’élève ou se préserve. Procope le Petit tomba aussi percé de coups en se défendant vaillamment. Les traîtres prirent la fuite, et ne