Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/14

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dût-elle rester dans l’exil, pourrait encore faire la fortune de ses affidés. Tout est relatif, et d’Alvimar était si pauvre, que les dons d’une personne royale, quelque ruinée qu’elle fût, étaient encore une belle chance pour lui.

Il s’employa donc pour aider à l’évasion du château de Blois, comme il s’était employé, quelques années auparavant, dans les troisièmes ou quatrièmes rôles des diverses comédies politiques suscitées tantôt par la diplomatie de Philippe III, tantôt par celle de Marie de Médicis, à l’effet de faire réussir les mariages[1].

Ce M. d’Alvimar était, en général, suffisamment adroit pour le compte des autres, discret et apte au travail ; mais on lui reprochait d’avoir la manie de donner son avis, « là où il se devait contenter de suivre celui des autres, » et de montrer une capacité dont il faut se résigner à laisser le mérite à « ses supérieurs, quand on n’est encore qu’un petit personnage. »

Il ne réussit donc pas, malgré son zèle, à attirer sur lui l’attention de la reine mère, et, lors de la retraite de Marie à Angers, il resta perdu dans les officiers subalternes, toléré plutôt qu’agréé.

D’Alvimar s’affecta de ces nombreux échecs. Rien ne lui servait, ni sa jolie figure, ni ses belles manières, ni sa naissance assez relevée, ni son savoir, sa pénétration, sa bravoure, sa causerie agréable ou instructive : « on ne l’aimait point. » Il plaisait tout d’abord, et puis, bien vite aussi, on se dégoûtait d’un fond d’amertume qu’il laissait tout à coup paraître ; ou bien on se méfiait d’un fond d’ambition qu’il laissait mal à propos percer. Il n’était ni assez Espagnol ni assez Italien, ou bien, peut-

  1. Celui de Louis XIII avec Anne d’Autriche, et celui d’Élisabeth, sœur du jeune roi.