Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/199

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— Oui, oui, le voilà ! dit Mario ; mais j’ai bien vu ce qu’il y avait dessus, et je sais bien à qui il est.

— Tu ne sais ce que tu dis !

— Si fait, je dis qu’il est au monsieur espagnol que vous appelez Villareal. Il vous l’a donc donné ?

— Voyons, que marmotes-tu là ! Tu rêves !

— Non, bon monsieur ! J’ai bien vu la devise qui est sur la lame ; c’est en espagnol et je la connais bien ; ma mère Mercédès a un poignard tout pareil où il y a la même devise.

— Et que signifie cette devise ?

Je sers Dieu. — S. À.

— Et que signifie S. À. ?

— Ça doit être les premières lettres du nom de celui à qui est le poignard. C’est comme cela qu’on les place, à jour, près du manche.

— Je le sais bien ; mais pourquoi dis-tu que ce poignard vient du monsieur espagnol qui s’appelle Villareal ?

L’enfant ne répondit pas et parut embarrassé.

Il n’était plus sous l’œil vigilant et défiant de la Morisque. Il avait parlé plus qu’il ne devait, et il se rappelait trop tard ses recommandations.

— Mon Dieu, monsieur, dit Adamas, les enfants parlent quelquefois pour parler, et sans savoir ce qu’ils disent. Parlons donc, nous autres, de la chose importante. Votre garde, le père Andoche, a apporté aujourd’hui un chapelet de râles qui sont d’un gras…

— Oui, oui, tu as raison, mon ami ; parlons du dîner. Pourtant, je ne sais… je me demande comment elle avait, en la poche de sa jupe, ce poignard espagnol.

— Qui, monsieur ?

Elle, parbleu ! De quelle autre personne pourrais-je parler désormais ?