Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/228

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Puis le bon Sylvain, qui n’aimait pas à s’absorber dans les affaire sérieuses et tristes, fit revenir son héritier et passa la soirée à causer et à jouer avec lui. En cela, il tenait bien réellement de son cher maître Henri IV, sans penser à le singer.

Il adorait les grâces de l’enfance, et, sans le défaut de souplesse de ses reins, il eût fait volontiers le cheval autour de la chambre.

— Ça, dit-il à Adamas quand il vit le sommeil alourdir les paupières soyeuses de Mario, il faut le rendre à la Morisque, pour que, cette nuit encore, elle prenne soin de lui. Mais, demain, quand nous aurons tiré au clair l’affaire de ce Villareal, il ne sera plus question de cacher la vérité, et je veux que mon héritier ait son lit dans le boudoir de ma propre chambre. Venez, mon enfant, dit-il à Mario, regardez ce petit nid, tout or et soie, qui n’attendait qu’un gentil seigneur tel que vous ! Aimez-vous cette tenture de lampas rose vif et ces petits meubles incrustés de nacre ? Ne semble-t-il pas qu’ils aient été destinés à un personnage de votre taille ? Il s’agira, Adamas, de lui arranger un lit qui soit un chef-d’œuvre. Que dirais-tu d’un carré à colonnes torses d’ivoire avec un gros bouquet de plumes roses à chaque coin ?

— Monsieur, dit Adamas, dès que nous serons tranquilles, je mettrai mon esprit à la question pour vous contenter, car rien n’est trop beau pour votre héritier. Et nous songerons aussi à ses habillements, qui doivent être appropriés à sa qualité.

— J’y songe, Adamas, j’y songe ! s’écria le marquis, et je veux que sa garde-robe soit toute semblable à la mienne. Tu me feras venir ici les meilleurs tailleurs, les lingères, les cordonniers, chapeliers et plumassiers les