Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/251

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ou si, enchaîné dans vos jardins d’Astrée, il souhaite passer encore cette nuit dans les enchantements.

— Non, répondit vivement d’Alvimar : j’ai assez abusé de la civilité de M. le marquis. Je suis mal portant et deviendrais maussade. Je souhaite partir avec vous à l’heure même et vais commander que l’on prépare mes chevaux en toute hâte.

— C’est inutile, dit le marquis ; je vais clocher ; j’aurai bientôt le plaisir de vous revoir, monsieur de Villareal.

— C’est moi qui viendrai dès demain prendre vos ordres, monsieur le marquis, et vous donner toutes les explications que vous souhaiterez… sur la partie que nous avons jouée tout à l’heure.

— Quelle partie faisiez-vous ? dit Guillaume.

— Une partie d’échecs fort savante, répondit le marquis.

Adamas arriva au coup de clochette.

— Les chevaux et les bagages de M. de Villareal, dit Bois-Doré.

Pendant que l’on exécutait cet ordre, le marquis, avec une tranquillité qui fit espérer à d’Alvimar que tout était apaisé entre eux, rendit compte à Guillaume de l’emploi du temps à Briantes et à la Motte-Seuilly durant son absence. Puis il le questionna sur les belles fêtes de Bourges.

Le jeune homme ne demandait qu’à en parler : il raconta les émotions du tir, ou plutôt, comme on disait alors, « de l’honorable jeu de l’arquebuse. »

On avait construit les buttes aux prés Fichaux, et un grand pavillon garni de tapisseries et de ramées pour les dames et demoiselles de la ville. Les tireurs étaient placés sur un parquet, à cent cinquante pas du pavois. Six cent cinquante-trois arquebusiers s’étaient présentés.