Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/257

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disparaissez, et, un quart d’heure après, revenez me joindre en disant tout haut que quelqu’un de la ville vous a remis une lettre pour moi. J’irai jusqu’au château d’Ars comme pour la lire, et, aussitôt que j’aurai fait cette feinte, je dirai à M. d’Ars qu’il me faut partir à l’instant même. Est-ce entendu ?

— C’est entendu.

— Alors, attendons M. d’Ars et ne montrons aucune hâte.

Quand le bon M. de Bois-Doré, armé jusqu’aux dents et bien assis en selle sur le beau Rosidor, eut franchi l’enceinte du village de Briantes, il vit Adamas, monté sur une bonne petite haquenée fort paisible, se faufiler à son côté.

— Voire ! c’est vous, monsieur le rebelle ? dit le marquis d’un ton qui ne réussit pas à être courroucé ; ne vous avais-je point défendu de me suivre et ordonné de garder mon héritier ?

— Votre héritier est bien gardé, monsieur ; maître Jovelin m’a donné sa parole de ne le point quitter, et, d’ailleurs, je ne sache pas qu’en votre château il coure maintenant aucun risque, puisque l’ennemi est dehors et que nous lui allons sus.

— Je sais que le danger est pour nous maintenant, Adamas, et c’est pourquoi je ne voulais pas de toi qui est vieux et cassé, et qui, d’ailleurs, ne fus jamais un grand homme de guerre.

— Il est vrai, monsieur, que je n’aime guère à recevoir des coups, mais j’aime bien à en donner quand je peux. Je ne suis plus un jeune homme ; mais, si je n’ai pas bon pied, j’ai bon œil, et je prétends veiller à ce que vous ne tombiez pas dans quelque embûche. C’est pourquoi j’ai pris avec moi deux hommes de plus, qui nous