Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/283

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le crime ; mais ce qu’il redoutait le plus, c’était de voir le marquis persécuté, et il l’aida à se faire illusion sur le peu d’importance de la capture à laquelle il fallait renoncer.

Quand on fut à la porte du manoir de Briantes, on entendit les bonds irréguliers d’un cheval en liberté.

C’était celui de Sanche, qui était revenu à son dernier gîte, et qui échangea avec celui de d’Alvimar, que l’on ramenait par la bride, un hennissement plaintif, presque lugubre.

— Ces pauvres animaux sentent, à ce que l’on assure, les malheurs arrivés à leurs maîtres, dit le marquis à Adamas : ce sont des bêtes intelligentes et qui vivent en l’état d’innocence. Je ne ferai donc point tuer celles-ci ; mais, comme je ne veux, en ma maison, rien qui ait appartenu à ce d’Alvimar, et que le profit de ses dépouilles souillerait nos mains, je veux que, dès la nuit prochaine, on conduise ses chevaux à dix ou douze lieues d’ici, et qu’on les y mette en liberté. En profitera qui voudra.

— Et de cette façon, répondit Adamas, nul ne saura d’où elles viennent. Vous pouvez confier ce soin à Aristandre, monsieur. Il ne se laissera point tenter par l’envie de les vendre à son profit, et, si vous m’en croyez, il se mettra en route sur l’heure, sans leur faire franchir la porte. Il est fort inutile que l’on voie demain ces chevaux en votre écurie.

— Fais ce que tu veux, Adamas, répondit le marquis. Cela me fait penser que ce malheureux coquin devait avoir de l’argent sur lui, et que j’eusse dû songer à le prendre pour le faire donner aux pauvres.

— Laissez-en profiter le frère oblat, monsieur, dit le sage Adamas : plus il en trouvera dans les poches de