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Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/326

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— Eh ! vous êtes bien gros, mon voisin !

— Vous croyez me voir grossir, parce que vous ne vous voyez point mandrer, mon voisin ! C’est vous qui devenez plus creux, et non moi qui deviens plus rebondi.

— Soit ! J’entends bien vos raisons pour faire encore cette campagne. Vous croyez qu’elle sera bonne ; mais vous vous trompez. Les chefs et les soldats, les bourgeois et les pasteurs, tout cela combat bravement à un jour donné ; mais, le lendemain, on se divise ; on se déteste, on s’injurie, et chacun tire de son côté. La partie est perdue depuis la Saint-Barthélemy, et le roi des huguenots ne l’a regagnée qu’en abandonnant la cause. Il voulut être Français avant tout ; et ce que vous voulez faire ne profitera ni à la France, ni à vous-même.

De Beuvre ne souffrait pas la contradiction. Il s’obstina et querella le marquis sur son absence de principes religieux, lui, le plus sceptique des hommes.

En le laissant causer, Bois-Doré vit bien qu’il était alléché par les bonnes conditions que la royauté était forcée de faire aux seigneurs calvinistes chaque fois qu’elle éprouvait un échec. De Beuvre n’était pas homme à se vendre, comme tant d’autres, mais à se bien battre, et à profiter, sans scrupule, de la victoire, pour se montrer très-exigeant pour son compte.

— Puisque vous êtes décidé, lui dit le marquis avec douceur, il fallait donc me le dire toute suite, et ne pas me demander mon avis. Je n’ai plus qu’une chose à vous représenter. Vous aller vous équiper et emmener les meilleurs de vos gens pour cette campagne. Songez-vous au mauvais parti que l’on peut faire à votre fille, s’il passe par la tête des jésuites de signaler votre