Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ébranlé devant la crainte du célibat de Lauriane et de son patrimoine tombant en quenouille.

Mais Lauriane l’avait empêché de céder. Élevée par lui assez tièdement dans la religion protestante, elle y était médiocrement instruite, et mêlait volontiers, dans son cœur, les pratiques et les prières des deux cultes.

Elle ne courait pas au prêche par les longs mauvais chemins d’Issoudun ou de Linières, et, quand elle passait près d’une église catholique, elle ne bondissait pas d’indignation au son de la cloche. Mais elle montrait parfois, à travers sa douceur souriante et enfantine, les germes d’une grande fierté ; et quand elle vit son père souffrir à l’humiliante idée de l’abjuration publique, elle vint à son secours avec une énergie surprenante, disant aux jésuites de Bourges :

— Vous n’avez que faire de me vouloir convertir en vue d’un beau mari catholique ; car j’ai juré en mon cœur d’être plus volontiers à un vilain mari de ma communion.




V


Il y avait peu de semaines que cette visite avait eu lieu à la Motte-Seuilly, lorsque arriva celle de M. Sciarra d’Alvimar, présenté par Guillaume d’Ars.

Ils furent reçus par le père et la fille, M. de Bois-Doré étant allé courre un lièvre avec le garde de M. de Beuvre.

Ce fut une nouvelle contrariété pour Guillaume, qui se