Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/105

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de l’huisset pour abattre la herse, au nez et même un peu sur le dos des assaillants ; si bien que la base de cet instrument de clôture ne joignait pas la terre. Il s’en aperçut à temps.

— Clindor ! s’écria-t-il au page éperdu, qui s’apprêtait à fermer les portes devant la herse, arrête, arrête ! D’où vient que la herse ne descend plus ? J’en ai encore un pied au-dessus de la rainure.

Clindor, qui n’était pas bien brave, quoiqu’il fit tout son possible pour l’être, regarda et recula d’horreur.

— Je le crois bien ! dit-il, il y a trois hommes dessous !

Numes célestes ! des nôtres ?… Regarde donc, triple veau de lait.

— Non, non, des leurs.

— Eh bien, tant mieux, par Mercure ! Vite ici, du monde ! Montez sur la tête de la herse ! pesez ! pesez ! Ne voyez-vous pas que ces corps morts serviront aux vivants à passer sous les dents de fer, et qu’une fois sous la voûte, ils mettront le feu à nos portes ! Allons, en bas, vous autres ! À coups de maillet, de pied, de crosse, cassez-moi les têtes qui voudront passer ! Taille tout avec ta faux, vivants et morts, mon brave Andoche ! Et toi, Châtaignier, as-tu encore une charge de plomb ? À ce museau rouge qui s’avance !… C’est ça ! bravo ! Par le dieu Teutatès, c’est bien ! en pleine gueule ! Ça en fait encore un de moins !

Mêlant ainsi des apostrophes sublimes à des trivialités par lesquelles il daignait se mettre à la portée du petit monde, Adamas vit avec satisfaction la herse tomber tout à fait sur les corps ; et les assaillants reculer jusqu’à la tête du pont.

— À présent, aux fauconneaux ! s’écria-t-il. Plus vite