Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/115

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« Les lois françaises empêchent l’un de trop dépenser, l’autre de ne pas dépenser assez[1]. »

Mario, qui voyait l’auberge éclairée, ne s’étonna pas du hennissement de joie que poussa son petit cheval, environ à deux cents pas de l’auberge. Il pensa qu’il reconnaissait les êtres.

Mais ce qui l’étonna, c’est que, tout d’un coup, il détourna à gauche et fit des difficultés pour reprendre le droit chemin.

L’enfant, qui était sur ses gardes, prêta l’oreille.

Il lui sembla entendre un bruit de chevaux venant de l’auberge, que lui masquaient encore les vapeurs de la nuit. Il s’en réjouit.

— Mon père est là, se dit-il, avec tout son monde ; peut-être avec M. d’Ars ou sa suite. Avançons vite.

Mais Coquet se fit tellement prier pour avancer, que le jeune cavalier crut devoir chercher à comprendre son idée. Il l’arrêta court, et entendit, beaucoup plus près de lui que l’écurie de l’auberge, le hennissement, à lui bien connu, de Rosidor, le fidèle palefroi du marquis.

— Mon père est donc par là ? se dit-il encore. Il ne faudrait pas se croiser en route.

Et, comme il ne distinguait sur sa gauche qu’une sorte de taillis épais, il mit la bride sur le cou de Coquet, avec la certitude qu’il saurait rejoindre son camarade.

En effet, Coquet entra dans le taillis et s’arrêta devant une masure déjetée et crevassée.

C’était l’ancienne auberge du Geault-Rouge, abandonnée à sa propre ruine depuis une vingtaine d’années ; Bois-Doré, Guillaume et M. Robin s’étant cotisés pour

  1. Monteil, Histoire des Français des divers états.