Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Adamas réussit à retenir Aristandre, qui voulait se jeter dans le piége tête baissée. Il avait même fallu que Lauriane employât son autorité, et lui démontrât que, s’il succombait dans son entreprise, tous les malheureux renfermés dans le château, à commencer par elle, étaient perdus sans retour.

Depuis une heure que la grange brûlait, Aristandre, exaspéré, avait épuisé tous les jurements et toutes les imprécations de son vocabulaire. Condamné au repos, il rongeait son frein et maudissait même Adamas et Lauriane, et Mercédès par-dessus le marché, et Clindor, qui prêchait aussi la patience, enfin tous ceux qui l’empêchaient d’agir, lorsque Adamas, grimpé au faîte de la tour-escalier, lui cria de la lanterne :

— Monsieur est là ! monsieur est là ! Je ne le vois pas ; mais il est là, j’en réponds ! car on se cogne, et je suis sûr d’avoir reconnu sa voix par-dessus toutes les autres.

— Oui ! oui ! s’écria Mercédès d’une des fenêtres du préau ; Mario est là, car le petit chien Fleurial est comme un fou ; il l’a senti. Voyez ! Je ne peux pas le tenir !

— Aristandre ! s’écria Lauriane, sortez ! Sortons tous, il est temps !

Aristandre était déjà sorti. Sans s’inquiéter d’être suivi ou non, il s’élançait aux côtés du marquis et le débarrassait de La Flèche, qui, souple comme un serpent, avait sauté en croupe derrière lui et l’étouffait dans ses bras maigres et nerveux, sans réussir toutefois à le désarçonner.

Aristandre saisit le bohémien par une jambe, au risque d’entraîner le marquis avec lui ; il le jeta à terre, le foula sous ses pieds, en ayant bien soin de lui enfoncer les