Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/191

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ton jeune maître à désobéir, ne lui apprends pas, du moins, à jurer comme un païen.

— Ai-je donc désobéi, mon père ? dit Mario ; vous m’aviez défendu de courir sus aux bohémiens ; mais vous ne m’aviez rien dit quant aux reîtres.

Le marquis prit son enfant dans ses bras et ne put s’empêcher de le montrer avec orgueil à ses amis, en leur racontant comment il avait tiré son oncle des mains du terrible Sanche.

— Allons, mon jeune héros, ajouta-t-il en l’embrassant encore, j’aurais beau vouloir vous tenir en laisse, vous voilà hors de page. Vous avez vengé de votre propre main, à onze ans, la mort de votre père, et gagné vos éperons de chevalier. Allez mettre un genou en terre devant votre dame ; car vous avez conquis l’espoir de lui plaire un jour.

Lauriane embrassa Mario fraternellement sans hésiter, et Mario lui rendit ses caresses sans rougir.

Le moment n’était pas encore venu où leur sainte amitié pouvait se changer en un saint amour.

Tous deux retournèrent vers Mercédès après avoir rassuré le marquis sur le compte de Lucilio, qui était bon chirurgien et qui s’était déjà rendu auprès d’elle. Mario n’avait pas voulu se vanter d’avoir contribué à la délivrance de son ami, qui, à son tour, s’était fort bien battu à ses côtés.

La Morisque était si heureuse des soins du précepteur et du retour de Mario, qu’elle ne sentait point son mal.

Après ce pansement, Lucilio procéda à celui des blessés, et même à celui des prisonniers, que l’on se disposait à faire partir, sous bonne escorte, pour la prison forte de La Châtre.

Assis dans la basse-cour, autour d’un reste d’incendie,