Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/250

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Lauriane, un peu persécutée chez elle, était comme conduite malgré elle à regarder cet amour comme possible. Aussi en admit-elle l’idée lorsque Mario eut quinze ans.

Mais elle repoussa bientôt cette idée, car Mario, à quinze ans, semblait ne pas distinguer encore l’amour de l’amitié. Il était respectueux avec elle dans ses manières, en même temps que familier dans ses paroles à la façon d’un frère bien élevé. Il ne disait pas un mot qui pût faire penser que la passion se fût révélée à lui. Quelquefois seulement, il rougissait beaucoup quand Lauriane arrivait inopinément dans un lieu où il ne l’attendait pas, et il pâlissait quand on parlait devant lui de quelque nouveau projet de mariage pour elle. Du moins, Adamas confiait ces remarques à son maître, et Mercédès à Lucilio. Mais ils se trompaient peut-être. Le jeune garçon grandissait et lisait beaucoup : il éprouvait peut-être certains malaises de la tête et des jambes.

Nous ne dirons qu’un mot sur cette époque où Mario eut quinze ans et Lauriane dix-neuf. Leur existence sédentaire et leurs tranquilles relations offraient sans doute un caractère d’heureuse monotonie qui ne nous permet pas d’en retrouver la trace dans nos archives sur Briantes et la Motte-Seuilly.

Nous y trouvons seulement le mariage de Guillaume d’Ars avec une riche héritière du Dauphiné. Les noces se firent en Berry, et il ne paraît pas que le refus de Lauriane eût mécontenté le bon Guillaume, car elle fut de la fête, ainsi que les Bois-Doré.

C’est une année plus tard, en 1626, que nous voyons la vie de nos personnages se dessiner plus clairement. Ce fut l’époque du baptême de monseigneur le duc d’Enghien (