Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/26

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vous obliger en quelque chose. Votre archevêque est fort de mes amis : c’est moi qui l’ai fait nommer. Souhaitez-vous une meilleure cure ? Je lui pourrai parler de vous.

— Je ne souhaite rien des avantages de ce monde, répondit le recteur en se retirant. Je me trouve bien là où je puis faire mon salut et prier pour le bonheur de Votre Altesse.

— C’est-à-dire, pensa le prince dès qu’il fut seul, que les coffres de Bois-Doré sont encore pleins ; autrement, cet ambitieux m’eût demandé d’abord sa récompense. Il sait que je serai content et me demandera plus que je lui ai offert. Nous verrons bien.

Et le prince donna ses ordres.

Le soir de ce même jour, les hôtes de Briantes venaient de se souhaiter mutuellement une bonne nuit et on allait se séparer, lorsque Aristandre, qui était le gardien de la porte, envoya dire qu’un gentilhomme et sa suite demandaient asile pour un repos d’une couple d’heures. Il pleuvait, et la nuit était sombre.

Le marquis se fit éclairer, et, enveloppé de son manteau, alla lui-même faire lever la herse.

— Nous sommes… lui dit une voix inconnue.

— Entrez, entrez, messieurs, répondit le marquis, esclave des lois d’une chevaleresque hospitalité ; venez vous mettre à couvert. Vous direz vos noms, si bon vous semble, quand vous serez reposés.

Les cavaliers entrèrent : ils étaient deux ou trois en tête, parmi lesquels celui qui paraissait commander aux autres fit mine de vouloir mettre pied à terre. Bois-Doré l’empêcha, vu que le pavé était fort mouillé.

Il marcha devant avec Adamas, qui portait la torche, et rentra dans le préau, suivi de son hôte, sans remarquer une suite de vingt hommes armés qui, ayant défilé