Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/33

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des astres, que par des accointements suspects et une sorte de culte rendu à l’esprit du mal.

— Vraiment, monsieur le conseiller, vous me gardiez ceci pour la bonne bouche ! Est-ce tout ce dont je suis accusé, et ne me faudra-t-il point défendre de quelque chose de pis ?

— Ne vous en prenez point à moi, dit le conseiller en se levant. Je ne crois pas à de telles noirceurs de votre part ; c’est pourquoi je vous engage à me montrer en détail votre maison, afin que je puisse dire et jurer n’y avoir rien trouvé qui ne soit honnête et convenable. Songez que je vous peux forcer à m’obéir ; mais, voulant agir civilement avec vous, je vous prie de prendre un flambeau et m’éclairer vous-même, sans appeler aucun de vos gens, car je me verrai forcé d’appeler tous les miens, et j’ai l’intention de n’en mener avec moi que cinq ou six, lesquels sont à la porte de cette chambre.

Un rayon de lumière traversa l’esprit du marquis ; c’était à son trésor qu’on en voulait.

Il en prit son parti sur-le-champ. Bien qu’il aimât tous ces jouets luxueux qu’il considérait comme des trophées légitimes et d’agréables souvenirs de ses vieux exploits, il n’y tenait point en avare, et, quelque regret qu’il dût éprouver de ne pouvoir les faire servir plus longtemps au luxe de son cher Mario, il n’hésita point entre ce sacrifice et le salut de Lucilio, dont il était beaucoup plus inquiet que du sien propre.

— Qu’il soit fait comme vous voulez, monsieur ! dit-il avec un magnanime sourire. Par où voulez-vous commencer ?

Le conseiller fit, de l’œil, le tour du salon.

— Vous avez là, dit-il avec aisance, force choses galantes