Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/40

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le 15 de ce mois, pendant que les troupes du roi pillaient et brûlaient la pauvre place de Monheur, sur la Garonne. Voici une lettre de mon père qui me l’annonce, et qu’un de ses gens, arrivé en courrier justement derrière la suite du prince, a pu me faire remettre sans bruit par Clindor.

— Voilà une grande nouvelle, mes enfants, et qui va encore une fois bouleverser toute la politique ! Mais qui de vous a eu l’idée ?…

— C’est moi, monsieur, dit Adamas triomphant ; dès que madame Lauriane eut dit : « Cet étranger qui est enfermé là avec M. le marquis est le prince et non pas un autre, » nous nous cachâmes tous les quatre dans le petit couloir que vous savez.

— Nous étions inquiets pour vous, dit Mario, à cause de cette grosse suite de gens qui avaient l’air de se méfier et de menacer. C’est Adamas qui a inventé tout d’un coup ce qu’il a fait et ce qu’il a dit.

— Maître Jovelin ne se souciait pas trop de s’y prêter, ajouta Adamas ; mais il fallait vous sauver, il n’y avait pas à réfléchir, et il a joué son rôle en habile homme, n’est-ce pas, monsieur ? À présent, il tient sa fortune, et s’il veut remplacer, ou tout au moins égaler en faveur le fameux astrologue du prince, celui qui lui a prédit qu’il serait roi de France à trente-quatre ans…

— J’ai remarqué, dit le marquis à Jovelin, que vous ne pouviez prendre sur vous de lui faire cette promesse. Vous lui avez seulement dit qu’il avait cette ambition. Mais, à présent, que ferons-nous, mes amis ? car, vous le voyez, nous sommes trahis vilainement, et nous courons bien des dangers auxquels nous ne songions point.

— Il ne faut rien faire, et nous tenir tranquilles, répondit Lauriane avec décision. Le prince galope, à